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Peut-on ressentir du plaisir en tant que prostituée?
Peut-on jouir, sincèrement, au cours d'un rapport tarifé?
Est-ce même légitime d'en parler?
La libido féminine est-elle, par essence, douce, passive, réservée à l'amour et à la reproduction?
Ou avons-nous simplement appris à la modeler, la censurer, la canaliser dans des formes socialement acceptable, jusqu'à l'oublier nous-même?
Ayant travaillé dans l'industrie du sexe pendant plusieurs années, je m'exprime ici avec un regard à la fois incarné et lucide. Un regard qui s'est forgé à l'intérieur du tabou, là ou trop peu osent regarder. Et c'est avec espoir, aussi, que je t'ente de secouer les fondement de notre perception collective de la prostitution.
Car malgré les lois, malgré les débats, malgré les tentatives de « réforme», la prostituée reste une figure haïe, méprisée, soupçonnée ou plaintive, mais rarement écouté. Tantôt l'objet de dégout, tantôt victime, elle continue de porter la faute, comme une Ève moderne condamné pour avoir touché au fruit défendu.
Cela fait des siècles qu'on tente de résoudre les « problèmes de la prostitution » sans même faire la distinction essentielle entre travail du sexe et exploitation sexuelle.
L'amalgame est constant. Et pourtant, l'écart entre les deux est immense.
Les violences, les humiliations, la précarité qui frappent les travailleuses du sexe ne sont pas causées par le travail lui-même, mais par le mépris. Par les tabous. Par l'ignorance institutionnalisée. Ce sont les regards déshumanisants, les stigmatisations, le rejet moral, les lois aveugles.
Pendant ce temps, une morale ancienne continue d'imprégner nos pensées. Même sous couvert de révolution sexuelle ou de libération des moeurs, les vieux schémas patriarcaux tiennent encore les ficelles. La femme, surtout celle qui ose désirer, embrasser son pouvoir érotique, assumer, est toujours jugée à travers le prisme d'une fausse liberté. Le joug patriarcale s'est sophistiqué, mais il est toujours là, déguisé en progrès.
Ce livre est un appel. Un appel à penser. À regarder en face ce que nous somme, ce que nous désirons, ce que nous jugeons.
À sortir du récit figé, binaire et hypocrite que l'on répète depuis trop longtemps.
Car peut-être qu'en revisitant ces récits , en fusionnant le masculin et le féminin, le corps et l'esprit, le sacré et le sexe, nous pourrons enfin sortir de cette guerre absurde.
Peut-être qu'en cessant de séparer ce qui est naturellement lié, nous cesserons aussi d'haïr ce que nous ne comprenons pas.