Chapitre 22
—Le vrai
visage du proxénète
On parle beaucoup du proxénète, mais rarement pour en donner un portrait juste. La définition juridique est simple : « tirer profit de la prostitution d’autrui ». Mais en pratique, tout devient flou. Qui est vraiment proxénète ? Un chauffeur qui conduit une escorte ? Un propriétaire de bar qui loue ses chambres ? Un gérant qui prend sa commission ? Tout dépend de l’intention et surtout du rapport de force.
C’est là que réside la distinction cruciale : entre un service équitable rendu dans un cadre choisi — et l’exploitation, qui repose toujours sur la coercition.
Le vrai proxénète, celui qui mérite ce nom, n’a rien du cliché glamour véhiculé dans les vidéoclips. Ce sont des prédateurs méthodiques, qui recrutent avec la même précision qu’un vendeur manipule ses clients. Ils utilisent toutes les cartes :
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Le masque du prince charmant, attentif et généreux au début.
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La dépendance affective, pour que la victime fasse tout pour « retrouver celui d’avant ».
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Le chantage sentimental, les menaces, la dette de drogue ou d’argent.
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La violence physique et psychologique.
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L’isolement social, la confiscation des papiers, les menaces contre la famille.
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L’usage de l’alcool et des drogues pour brouiller la conscience.
Rien n’est laissé au hasard : séduction, manipulation, contrainte, peur. Tout est calibré pour briser les résistances et maintenir la domination.
Ce portrait-là n’a rien d’ambigu. Le proxénète, ce n’est pas celui qui fournit un toit ou un service logistique dans un cadre choisi et transparent. C’est celui qui enferme, qui manipule, qui détruit. Un parasite qui vit de la vulnérabilité des autres.
Je ne parle pas dans le vide. J’ai côtoyé un proxénète de près pendant plusieurs années. Ce n’était pas le mien, mais celui d’une amie très proche à l'époque. Et je peux témoigner d’une chose : tout ce qu’on raconte sur ces hommes n’a rien d’un cliché. Derrière chaque histoire de manipulation, de dépendance, de violence psychologique, il y a un visage bien réel. Ce que l’on croit être un stéréotype est en fait la réalité la plus brute.